Paysage de Scission
Vidéoprojection sur peinture sur drap
(peinture acrylique, drap, videoprojecteur, mini vidéos issues d'enregistrements de programmation via Processing, niveau, scotch rouge, lazer de niveau )
Depuis ces jours de déracinement, de déterritorialisation même, et d’errances… L’essence de l’art même semble se remettre en question, est-il réalisable dans un non-lieu ? Dois-je me confronter à deux perspectives : la réalisation/implantation in situ dans un milieu intime, secret, art-meuble dans une maison-territoire, à l’abri des regards et piétinements? Ou bien, un instable mobile, spectre passant-nomade prêt à se greffer en tout lieu tout comme il peut disparaître aussitôt qu’il n’est apparu ? J’ai expérimenté divers gestes mêlant dessin, peinture et montage numérique. Cela a pris forme de vidéo projection sur un fond de courbes. Les lignes noires entrecroisées formulent des lignes de langage tremblotant et robotique, de montagnes, d’un monitoring, de modes différents de l’existence. C'est une incarnation du langage, d'un relief-spatialité, de la captation d’un mouvement qui émet un bruit. J’ai reproduis et peins les tracers noirs d'abord gérés numériquements sur ordinateur, sur une toile à la verticale suspendue au mur, à la manière d’un volumen ou d’une impression. Les spectres confèrent une spatialité autre, au cœur des infimes vibrations de l’existence. La présence de la ligne rouge au lazer d’un niveau, scinde, émet une scission tout autant qu’il lie les deux parts, les deux mondes. Cette ligne renvoie à la mesure, à la limite, à ce qui tranche. Ceci relève de l’exploration curieuse archéologique d’un monde ou chirurgical par la découpe d’une forme, d'un relief ou d’une perspective. De manière plus psychologique et inconsciente, la fente rouge renvoie à « l’origine du monde », l’émergence sanglante de vies, un paysage utérien.