Organon
Installation multimédia numérique, son, néons, miroirs, appareil à fumée.
Le lieu et non-lieu immersif, intègre tout corps passager. Il imprègne aussi ce dernier de son essence. Il s’anime dans une pièce obscure et enfumée, à l’abri de toute lumière extérieure. Deux dispositifs lumineux dialoguent entre eux par leur positionnement en symétrie, situé dans un coin de pièce. Il s‘agit de seules lumières existantes, artificielles, qui ne sont autres que des néons rouges, cernés de miroirs posés au sol, à plat ou relevés. Certains néons rouges, qui s’apparentent dans l’imaginaire à des «organes» technologiques, propagent une lumière fixe ou clignotante, tandis que d’autres diffusent une lumière plus faible. Des bruits sonores traversent le lieu qui n’a ni trajectoire, ni repères visuels autres que les deux dispositifs lumineux. Les sons retentissent et proviennent de toutes parts dans la pièce, ils créent la spatialité, un environnement sonore surréaliste parfois troublant. Les sons évoquent des choses reconnaissables mais, tout aussi déformées, inaudibles, ou non identifiables (grondement, brouhaha, gouttes d’eau dans une caverne, sifflement…). Animée sur un petit écran au mur, une vidéo tournant en boucle, contient comme une petite fenêtre ou une brèche, une forme cosmique, organique, numérique qui se mute et disparait. La sensation perçue dans ce lieu et non-lieu, est celle du trouble ou de l’état second. Celle d’être possiblement dans une cavité, un corps (notre corps ?), l’univers, une cavité utérine, ou bien, dans une machine. L’atmosphère numérique se mêle au caractère organique et anatomique, voire psychologique et instinctif. Les corps humains passagers s’imprègnent de cet espace de néant et de matière, se l’approprient, et lui appartiennent. Ils traversent la fumée mais, ils sont aussi traversés par elle, qui pénètre les poumons. Les miroirs sont imperceptibles dans le noir et la fumée mais, en eux, le reflet démultiplié des fils luminescents ajoute l’illusion de fragmentation et prolongation de l’espace. La forme ondulée des fils lumineux se répète et se prolonge dans le sol, créant des vides et ouvertures trompeurs. Ce lieu, tant réel que fictif ou impossible, réalise un jeu avec nos perceptions et repères, nos sensations dans un lieu autrement dimensionnel. On semble traverser des milieux imperceptibles ou impalpables qui s’intègrent dans nos corps. L’extérieur et l’intérieur s’interchangent.